L'été 1999, notre mère créait "Des Petits Hauts" avec notre tante. Nous n'étions pas encore nés! Pourtant, notre histoire avec le textile est intimement liée à l'aventure entrepreneuriale de notre mère. Dans l'effervescence de cette nouvelle aventure, elle nous emmenait partout avec elle.

Notre mère nous a souvent intégrés à son quotidien et à l'univers de sa marque. Elle nous installait même dans nos berceaux au pied de son bureau, plongés dans l'atmosphère créative. Les échantillons de tissus, les croquis éparpillés et les conversations animées avec ses collaboratrices et sa sœur ont façonné, inconsciemment, notre sensibilité aux détails.

Le soir, quand elle rentre, notre mère nous raconte sa journée. Ses histoires de création, de choix de matières, de finitions parfaites, de grade de qualité résonnent en nous depuis toujours. Sans le savoir, elle a semé les graines de cette nouvelle aventure. Nous avons grandi en absorbant chaque couleur, chaque texture, chaque détail qui transforme un simple vêtement en une pièce d'exception.

Puis, sont venus ces étés magiques dans le Sud. Ce rendez-vous estival sacré pour nous : dès les premiers jours de juillet, nous quittons Paris pour la presqu'île de Giens. La maison s'anime alors de rires, de conversations qui se prolongent tard dans la nuit, d'amis d'enfance qui viennent partager notre table.

Mais c'est en mer que la magie opère pleinement. Le bateau devient notre terrain d'aventures quotidiennes. Ces déjeuners improvisés dans de petites criques inaccessibles autrement que par la mer restent parmi nos plus précieux souvenirs.

Le soir venu, c'est toujours la même excitation : nous naviguons vers la plage des Langoustiers. Notre père cherche alors le meilleur endroit pour nous rapprocher de la plage, prêt à sauter par-dessus bord. Ces moments, gravés dans nos mémoires : la lumière dorée du soleil couchant, nos pantalons en lin soigneusement relevés jusqu'aux genoux, nous avançons heureux dans nos chemises en lin à moitié boutonnées, guidés par le regard protecteur et fier de nos parents.

Elle a toujours eu cette passion de nous habiller, notre père et nous trois, de ces ensembles en lin qui compose notre garde-robe estivale. C'est notre uniforme des beaux jours, sur le bateau à la presqu'ile de Giens comme lors de nos dîners à "Playa de San Juan" en Espagne, ou sur les plages des Tobago Cays.

C'est dans l'insouciance de ces instants que nous saisissions, tout l'intérêt de cette allure qui nous suit du bateau à la table. Ces chemises qui incarnent l'élégance de notre père, cette simplicité soignée, ce chic décontracté, cet art subtil de l'équilibre, voilà ce que nous avons voulu capturer.

Lorsque nous avons décidé de créer Maison Sayag, ces souvenirs sont revenus comme une évidence. Les discussions se sont enchaînées, souvent tard dans la nuit, parfois animées mais toujours passionnées. Nous voulions retrouver cette sensation particulière du lin contre la peau, ce tomber décontracté, cette légèreté qui respire. Notre mère nous avait transmis bien plus qu'un goût pour les beaux vêtements, elle nous avait donné une vision, un art de vivre que nous voulions partager.

Et c'est ainsi que notre quête a commencé. Pas simplement celle d'une marque, mais celle d'une histoire qui continue, d'un héritage que nous portons fièrement, comme ces chemises et ces pantalons en lin qui ont accompagné nos plus beaux souvenirs et qui, aujourd'hui, incarnent l'âme de Maison Sayag.